Nouvelle écrite par Imene Benmansour et Léora Blonde, Classe de 6ème au collège Saint-François de Sales de Chambéry – Professeure : Edwige Court
Nous sommes le matin du 12 avril 2092, c’est à dire deux jours avant Songkran, le nouvel an bouddhiste. Maman m’appelle :
– Kaiiii…
– Ouiii…
– Va me chercher de l’eau en ville pour le riz !
– D’accord maman !
Grand-père ajoute :
-Et va me chercher le journal tant que tu y es !
Il me lança une pièce et me fit signe de partir. Ma mère regarda froidement mon grand-père et lui dit : – Et toi, au lieu de ne rien faire, va au marché m’acheter des mangues !
Il soupira, se leva et m’accompagna. Nous marchâmes jusqu’en ville qui se situait environ à 20 km à pied, nous devions faire ce chemin presque tous les jours. Mais on dit toujours que je suis très courageux, alors c’est toujours moi qui vais en ville pour chercher les courses.
Après-demain nous serons Songkran. Cette année je voudrais aller la fêter en ville comme tous les garçons de mon âge. Alors comme mon grand-père est moins autoritaire que mes parents je prends mon courage à deux mains et lui demande :
– Grand-père ? Est-ce que je pourrais aller en ville pour Songkran cette année ?
– Eh bien…moi ça ne me dérange pas mais il faut en parler avec tes parents…
– D’accord !
Ce n’était pas du tout la réponse que j’attendais, je voulais plutôt entendre : « Bien sûr que tu peux y aller ! » ou « Bien sûr puisque tu es le meilleur petit-fils du monde ! » mais le fait de devoir aller le demander à mes parents, c’était tout sauf ce que je voulais entendre.
Enfin nous arrivons en ville je cours jusqu’au kiosque à journaux et demande le journal du jour. Puis je rejoins mon grand-père qui se querelle avec la marchande de fruits :
– Mais depuis quand la mangue est devenue aussi chère ?!
– Depuis que c’est la période de sécheresse mon vieux ! vociféra la marchande.
– La période de sécheresse ?! Je regarde le journal et vois en première page :
SÉCHERESSE EN AVANCE
Elle est tôt cette année ! Nous sommes des paysans, nous ne pourrons pas faire face à une période de sécheresse aussi précoce ! La récolte du riz n’a toujours pas commencé, il faut que je l’annonce à mes parents.
Je prends le journal en main et dis à mon grand-père que je dois partir tout de suite. Je n’attends pas sa réponse et cours sans m’arrêter jusqu’aux champs pour voir les dégâts. Je m’approche, mets mes mains dans la terre et je vois qu’elle est encore humide. Ouf ! la sécheresse commence à peine. Mais ce n’est toujours pas gagné, il faut faire des réserves d’eau pour continuer les récoltes. Malheureusement l’eau est devenue payante partout et surtout très chère. Faire ces réserves va être difficile financièrement. Il faudrait que nous ayons notre propre source, mais c’est seulement les riches qui en possèdent ! Alors pour faire ces réserves je vais avec mon meilleur ami chercher de l’eau au puits, mais c’est un puits, une ressource épuisable. Je dois quand même aller prévenir mes parents. Je retire mes mains de la terre, je m’essuie sur mon short et cours en direction de la maison. Je cherche mes parents et je vois ma mère dans la cuisine et mon père sur la banquette qui lit le journal. Ma mère s’exclame :
-Tu es déjà revenu ? Mais où est l’eau ?
Ah oui, l’eau, j’avais complètement oublié ! Alors je change de sujet au plus vite :
-La période de sécheresse est en avance cette année !
Ma mère me regarde et devient pâle, elle sait plus que quiconque ici que nous sommes en difficulté financière.
– La récolte de riz va être catastrophique cette année, s’affole mon père.
– Mais on peut encore changer la donne. Laissez-moi chercher la source d’eau du puit, ça ne vous coûte rien !
Je les regarde avec un regard implorant. Ils soupirent, se regardent et me disent :
-Bon, fais comme tu veux, de toutes façons on n’a pas d’autres solutions pour sauver la récolte, mais tu iras demain car aujourd’hui c’est trop tard.
Je hoche la tête en guise de réponse. Je monte dans ma chambre, prépare un sac et met une petite quantité d’eau dans une bouteille, mon chapeau de paille, une petite pelle pour creuser un canal qui mènera l’eau de la source jusqu’à chez nous. Je me couche et attend avec impatience le lendemain.
-« Kai ! Réveille-toi ! »
Je me lève avec difficulté. Je suis ébloui par le soleil alors je me frotte les yeux, les ouvre et prends conscience que c’est un jour particulier : c’était la veille de Songkran et aussi le jour où je dois trouver la source d’eau pour sauver les récoltes. Alors je me vêts, prends le sac que j’ai préparé la veille et pars en direction de la maison de mon meilleur ami : Mani.
Je toque à sa porte et sa mère m’ouvre :
– Ah Kai ! Bonjour mon garçon ! Je suppose que c’est pour Mani ?
– Bonjour madame ! Oui effectivement.
– Bon et bien il est dans sa chambre.
– Merci madame.
Je vais devant la chambre de Mani, toque puis entre :
– Salut Mani !
– Salut Kai ! Pourquoi être venu ? Vous avez déjà épuisé les réserves d’eau ?
– Alors…en parlant de ça… en fait la sécheresse est plus tôt que toutes les autres années auparavant…
– Ah bon ?! Comment on va faire pour nos champs ?! On ne pourra pas aller au puits tous les jours !
La famille de Mani était comme la mienne. C’était des paysans, leurs champs étaient à côté des nôtres. Alors si la sécheresse allait frapper nos champs elle allait aussi frapper les leurs.
Je lui explique donc :
-C’est pour ça que je suis venu, j’ai un plan.
Il se tait, me regarde attentivement et dit :
– Je t’écoute.
– Nous allons trouver la source du puits pour en faire la nôtre.
– Mais ce n’est pas illégal ça ?
– Tu sais ce qui est illégal ? C’est le fait qu’une ressource humaine aussi importante soit devenue payante ! Alors ce qui est illégal ou pas, ça m’importe peu.
– Oui tu n’as pas tort…Bon et bien je suis partant ! Mais par où veux-tu commencer ?
Alors je pense qu’on va suivre le chemin du puits. Le puits vient d’une source alors on va la trouver et la privatiser.
Je vais prendre le nécessaire et j’arrive !
Immédiatement nous partons en direction du puits. Arrivés, nous regardons à l’intérieur : il est vide. La sécheresse a commencé comme prévu, ça devient une course contre la montre. Avant nous avons toujours eu des réserves ! Et demain, c’est Songkran ! Il nous faut de l’eau pour honorer les divinités et arroser les champs. On doit absolument en trouver !
Mani s’exclame :
– Il n’y a pas d’eau dans le puits ! Kai, rends-toi à l’évidence, on est maudit !
– Non pas du tout au contraire Mani ! Si le puits est vide alors on peut rentrer dedans et voir où le peu d’eau qu’il reste nous mènera.
– Oui tu n’as peut-être pas tort.
– Bon, alors dépêchons nous.
Mani remonte le seau et je me mets à l’intérieur avec mon sac. Il commença à descendre tout doucement le seau. Une fois au fond du puits, je regarde autour de moi pour repérer les probables tunnels. Quand j’en trouve un, je lève la tête et je crie :
-Mani ! Il y a bien un tunnel !
– Génial !
– Mani, je reviens, je vais voir s’il mène à une source.
– Ok, je t’attends.
Alors je m’aventure dans le tunnel sans me poser de questions. Plus j’avance, plus le tunnel est lumineux et humide. Tellement humide que je me rends compte que j’arrive à mon but : la source.
Première chose que je fais : remplir ma bouteille ! Puis je cours voir Mani qui patiente depuis 20 minutes tout seul :
Mani, la source existe !
-Génial !
– C’est une sorte de mare, elle se situe à une centaine de mètres derrière nos rizières.
C’est la meilleure nouvelle que j’ai jamais eu depuis une décennie. Cette mare nous assure des champs fertiles, et donc des revenus d’argent stable !
Avec Mani, nous prenons nos pelles et commençons à creuser la terre pour faire des canaux. Une fois les canaux arrivés jusqu’aux champs, j’accoure annoncer la nouvelle à mes parents.
Mon père me regarde avec un grand sourire et ma mère passe de pâle à radieuse :
-Bon et bien je pense qu’on peut fêter ça, j’ai fait du riz à la mangue !
Finalement mes parents ont accepté que j’aille fêter Songkran en ville grâce au miracle que j’ai accompli. Et le riz que nous avons produit cette année a été meilleur que toutes les autres années.