Nouvelle écrite par Lison KLEINGAERTNER et Mélissa RABAT
sue le thème « Manifester, un droit à promouvoir et à protéger »
Je m’appelle Tessa. J’ai dix-sept ans. Et je vais vous raconter ce qui m’est arrivé le 23 Juin 2022, cette nuit m’a permis de comprendre beaucoup de choses.
Ce matin c’est décidé, je vais y aller. J’ouvre sans aucun bruit, pour éviter de réveiller ma mère. J’attrape mes baskets et me dirige vers la porte d’entrée. En ouvrant la porte, je découvre ma mère assise sous le porche. Bien sûr, elle m’attend. Elle tourne la tête vivement dans ma direction. Je comprends à son regard qu’elle n’a pas changé d’avis. Je mets mes airpods et passe à côté d’elle comme si de rien n’était. Je l’entends m’interpeller, mais je préfère m’en aller. Elle attrape mon bras et m’interdit de partir. Nous avons déjà eu cette discussion. Pour elle, manifester à dix-sept ans n’est pas acceptable.
Le lendemain, malgré les interdictions de ma mère, j’y suis allée. Oui. Je suis allée manifester. Manifester contre l’abolition du droit à l’avortement. Ce n’est pas parce que j’ai dix-sept ans que je ne peux pas avoir d’avis. Chez moi, en Amérique, les femmes sont en train de se faire retirer leurs droits un par un. En arrivant devant la White House Street, je découvre que les militants contre l’avortement ont envahi la rue. Comment se faire entendre au milieu de tous ces gens criant haut et fort « l’avortement est un meurtre » ?
De l’autre côté de la rue, j’aperçois une foule réduite. J’en déduis donc que ma place est parmi ces gens. Parmi eux, une personne en particulier attire mon attention. C’est une femme qui doit avoir une cinquantaine d’années, les cheveux bruns et le regard perçant. Elle crie haut et fort « l’avortement est un choix, si ça ne vous concerne pas, ne vous en mêlez pas ». Je me dirige alors à grands pas vers eux. Dans la précipitation, je bouscule cette femme, je me retourne pour m’excuser mais elle me crie déjà dessus : « Qu’est-ce que tu fous là, gamine, rentre chez toi ! Tu ne vois pas que tu bloques le passage !!! » Etonnée par une réaction aussi excessive, je continue mon chemin sans cesser de me remettre en question. Ma mère avait-elle raison ? Est-ce si déplacé de manifester à dix-sept ans ? Ai-je le droit d’être là ? Parmi tous ces gens ? Qu’est-ce que je fais là ? En arrivant au cœur de la manifestation, croisant le regard des gens, je compris que manifester était un droit à défendre, peu importe les barrières que l’on peut nous mettre.
D’un seul coup, un bruit sourd me fait mal à la tête. C’était mon téléviseur. Eh oui, je me suis endormie sur le canapé en regardant les infos. Le grand titre était : « la décision prise par les Etats-Unis bouleverse des milliers de personnes.» J’ai peut-être dix-sept ans seulement, mais depuis ce jour, où ce rêve qui me paraissait si réaliste m’est arrivé, je ne vois plus mes droits de la même façon. Je vais me battre même si, dans cette société, les droits ne sont pas acquis.