Petite histoire d’une grande motivation

Nouvelle écrite par Paulo Najac élève de 3ème au collège Curie d’Héricourt – Professeur Mme Corini

 

Ninon avait les paupières lourdes, elle n’arrivait plus à les relever. Elle s’enfonça dans son siège et posa sa tête contre la vitre. C’est vrai que ces derniers jours avaient été  très éprouvants avec toutes ces démarches. Les ronronnements continus des moteurs dans cette ambiance confinée fut la goutte de trop qui la plongea dans un profond sommeil.

C’est dans cet état qu’elle vit une fillette, toute petite, un an à peine, à l’autre bout du monde avec ses parents partis pour enseigner au Burkina Faso. Comme ces derniers étaient très occupés par leur travail, la fillette passait beaucoup de temps avec sa nourrice : Awa, que les parents avaient employée. La relation entre elles était d’une force incommensurable. Cette petite dame africaine, d’un tempérament joyeux, était très attentionnée et débordante d’amour pour cette enfant. Ensemble, elles avaient passé un temps infini à jouer, à parler, à se balader, toujours dans la bonne humeur. Les premières années de la fillette avaient été merveilleuses avec sa complice. Mais à la fin du contrat de ses parents, l’annonce du déménagement bouleversa la fillette. Elle n’avait pas le choix, elle s’accrocha donc aux promesses des adultes : revenir et s’écrire régulièrement des lettres.

Des lettres, elle n’en reçut jamais parce qu’hélas, Awa décéda des suites de son accouchement qui se déroula dans des conditions sanitaires désastreuses. Malheureusement, cela est courant dans les pays pauvres. La petite fille eut un immense chagrin et fut inconsolable pendant longtemps. De plus, la fillette avait laissé sa poupée préférée à Awa. Ses parents lui en offrirent une nouvelle très belle qu’ils surnommèrent Awa pour consoler la petite fille des derniers événements qui l’avaient marquée, mais cela n’atténua pas sa tristesse. Sa vie continua avec ses joies et ses peines.

La petite fille devint grande sœur, adolescente et étudiante en se dirigeant sans la moindre hésitation vers des études de médecine. L’étudiante s’investit énormément dans cette voie particulièrement épuisante, elle apprit des pages et des pages et elle effectua de nombreuses gardes dans différents services. Mais cette petite femme, déterminée, avec sa peine encore accrochée au cœur, ne baissa jamais les bras et ne se plaignit jamais. Elle travailla toujours avec acharnement, mais avec surtout l’espoir accroché au cœur, de pouvoir un jour changer les choses et empêcher ces morts.  Ses études connurent tout de même de joyeux moments : de belles rencontres, ses colocataires et son amoureux, et le jour du diplôme…

Soudain, Ninon fut réveillée par une douce odeur, sa préférée, celle d’un fondant au chocolat : c’était sa voisine qui était en train d’en déguster un. Ninon regarda rapidement les autres passagers autour d’elle dans l’avion. Puis ses pensées la firent se représenter l’étudiante épanouie dont elle venait de rêver. Elle était petite, mince, elle avait de longs cheveux châtains, des yeux bruns et un visage enfantin. Elle était aussi d’une maladresse légendaire, un peu timide, très attentionnée et gentille. C’était une sportive qui se mangeait régulièrement les ongles à cause du stress que lui procuraient ses études de médecine et qu’elle essayait de calmer en buvant des tisanes de mélisse.

Ninon toujours aussi fatiguée commença à somnoler et quand elle était sur le point de retomber dans un sommeil profond, elle fut réveillée en sursaut par une sonnerie suivie du message du commandant de bord : « Veuillez remettre vos ceintures, nous allons débuter la descente sur Ouagadougou, l’atterrissage est prévu à dix-huit heures, heure locale, et la température est de 34°C ».

Et c’est à dix-huit heures, heure locale, le treize novembre 2027 que la jeune médecin Ninon Pouliken, spécialisée en gynécologie et obstétrique, débutait sa première mission humanitaire au Burkina Faso.