Nouvelle écrite par Oscar Durin-Kita élève de 3ème au collège Saint Joseph de Besançon – Professeur Mr Dominique Frachebois
Première partie : le manque.
L’ eau.
L’eau est l’origine de la vie.
Un des cinq éléments fondamentaux, la base toute chose.
Elle devrait être accessible à tous.
Pourtant, pas pour eux. Ils étaient jeunes, beaux, gentils, mais quand la guerre fut déclarée dans le pays voisin, leur ventre s’était noué. Ils vivaient dans un village, ensemble, unis. Eux, ils partaient travailler dans les champs voisins tandis que leurs enfants allaient à l’école du village. La vie était dure et brutale mais chaque jour valait sa peine. Deux jours par semaine, un petit groupe de personnes était désigné pour servir le village en allant au puits. Le puits se trouvait à environ une centaine de kilomètres de là, et à l’intérieur du pays qui venait de commencer la guerre. Quand les réserves d’eau commencèrent à diminuer, ils envoyèrent leur première brigade en direction du puits. Ils étaient cinq. Ils étaient épuisés et assoiffés, mais ils savaient que leur mission était trop importante pour y renoncer. Apres avoir salué leurs familles, le village, ils s’en allèrent. Ils partirent tôt, aux premières lueurs de l’aube. Il faisait doux, une légère brise caressait leur peau, usée par les travaux de la vie. Ils avaient débuté leur expédition qui allait durer deux jours.
Ils marchaient en file. La chaleur leur brûlait les membres. Ils devaient traverser les plaines arides de sable qui leur paraissaient comme des brasiers. Chaque pas qu’ils esquissaient dans cette fournaise leur coûtait beaucoup.
Ils se noyaient dans cette mer de sable.
Sur le chemin escarpé et balayé par les souffles du vent, ils s’épuisèrent vite. Il faisait nuit et ils avaient froid, il était tard, ils mangèrent quelques provisions. Ils se regardaient droit dans les yeux, ils ne parlaient pas. Le silence s’installait dans la petite troupe. Chacun se repassait les visages de leur famille, de leurs enfants et leurs moments passés ensemble. Ils avaient soif.
Seuls, dans ce vide, ils ne se doutaient pas de l’injustice qu’ils vivaient. Le deuxième jour, ils partirent sûrs d’eux. La nuit leur avait porté conseil, ils avaient compris l’importance de leur mission : leur village était en jeu, il ne fallait pas le laisser couler. Le groupe marchait toute la journée. Chaque pas était une petite victoire. Ils se débattaient dans ce paysage ardent comme des glaçons au soleil. Souvent, ils voyaient entre deux vagues de sable brûlant, des mirages qui les rendaient fous. Essoufflés et au bord de l’évanouissement, ils arrivèrent enfin.
Ils trouvèrent un grillage épais et neuf sur lequel étaient fixés solidement des barbelés aussi pointus et acérés que des baïonnettes de fusils. Ils se regardèrent, inquiets et surpris.
Ils s’interrogeaient ; allaient-ils pouvoir passer ces protections ? La petite colonie décida donc de franchir cette défense à la force de leurs muscles épuisés par le voyage et par la soif. Ils réussirent à escalader ce rempart métallique.
Seuls deux d’entre eux, moins agiles avaient déchiré, à cause des barbelés, leur pantalon et s’étaient coupé les mains. Ils saignaient, ils avaient peur, leur mission devenait un naufrage. Ils avaient chaud, le sable les dévorait mais ils continuèrent à marcher. Ils pleuraient de désespoir et de chagrin car ils savaient qu’ils ne rentreraient plus.
Néanmoins, ils arrivèrent au puits. Abattus, ils se jetèrent au puits. Ils s’enivrèrent d’eau. L’eau, cette récompense, cet objectif. Ce liquide coulait enfin à nouveau dans leur corps. Ils se trempèrent le corps de cette délivrance. L’eau courait sur leur visage asséché puis sur leur cou, brûlés par le soleil et irrités par le sable. Ils se mouillèrent le torse, la poitrine, les jambes, les bras et les pieds. Ils ressuscitaient de leur corps brûlant, asséché, et usé par la vie. Enfin ils se parlaient, ils riaient, ils retrouvaient goût à la vie. Ils entendaient dans leurs oreilles une sorte de chant des sirènes. Ils avait gagné un instant de paradis dans cet enfer de chaleur.
Hélas, tout à leur intense bonheur, ils ne savaient pas qu’à ce moment précis un garde frontière les regardait à travers la lunette de son fusil.
Ils ne sentirent rien. La mort avait volé leurs vies, les sirènes les avaient fait tomber dans un piège mortel.
Deuxième Partie : Jubilations.
L’eau est un bien précieux qu’il faut préserver et économiser. Chez eux, on la trouvait partout : dans la piscine ; dans le tuyau d’arrosage ; dans le système d’arrosage automatique; dans les pistolets à eau de leurs enfants ; et j’en passe. Eux, ils ne faisaient pas attention, ils se disaient que les autres économisaient pour eux, et donc qu’eux pouvaient croquer la vie à pleines dents.
Ils avaient trois automobiles : une pour lui, une pour elle et la dernière restait au garage, on ne sait jamais. Ils avaient deux enfants : un garçon et une fille. Le garçon aimait arroser les voitures ; lancer des ballons remplis de sodas sur la tête de sa sœur et des personnes qu’il n’appréciait pas.
Sa sœur, elle, préférait embêter ses parents en jetant de la nourriture à la poubelle et en renversant son verre d’eau au visage de son frère.
Tous les jours, la mère de famille arrosait ses plantes ainsi que le jardin et, souvent, fermait mal le robinet, qui donc gouttait. Elle aimait porter des vêtements de coton et des jeans. Lui, il demandait à son fils d’arroser sa voiture tous les jours, il remplissait aussi tous les jours sa piscine, car il y avait une fuite sur l’une des parois.
Toute la famille prenait des douches très longues et ils laissaient l’eau couler lorsqu’ils se brossaient les dents. Ils faisaient une dizaine de lessives par semaine.
Il leur arrivait souvent l’idée d’aller passer quelques jours dans leur résidence secondaire au bord d’un lac, car ils aimaient faire des tours de bateau.
Ils ne se doutaient pas qu’ils polluaient, ils pensaient que leur comportement était normal. Ils ne pensaient pas que loin de chez eux, des personnes mouraient car elles manquaient de nourriture et d’eau.
L’eau est l’origine de la vie, elle devrait être accessible à tous.