Derrière les barreaux

Jadis, je vivais dans l’une des plus belles forêts du monde, en Papouasie. Mon village, peuplé d’une trentaine de villageois était libre. Nous vivions dans le calme, la paix et la joie. Je m’appelle Moumbra. Aujourd’hui, j’ai 37 ans et depuis peu, parce que j’ai affirmé haut et fort mon désir de liberté et ma colère, je vis reclus, derrière des barreaux, ces barreaux…

On m’a

enfermé,

enfermé derrière

ces barreaux ici, dans

cette cellule,

petite

et sombre.

Des odeurs plus nauséabondes

les unes que les autres ont remplacé celles de ma forêt,

notre forêt verdoyante.

Nous sommes neuf, neuf Papous enfermés

dans cette unique cellule. Je hurle mon désespoir.

 

Pourtant, Papou

je suis

Papou

je resterai !

Derrière ces barreaux,

un bruit,

un cri

me glace

le sang.

Pour moi,

c’est la même journée qui

recommence.

C’est ainsi,

ainsi depuis plusieurs années déjà.

J’attends mon jugement,

j’ai peur,

je ne sais pas quand viendra

mon heure…

Je me sens si faible désormais.

 

Pourtant, Papou

je suis,

Papou

je resterai !

Neuf Papous dans une seule cellule plongée dans le noir

et le désespoir.

Il y a peu,

pourtant, nous avions l’infini pour terrain de jeux…

Désormais, ce sont les coups des gardiens qui sur nos épaules pleuvent.

 

Pourtant,

Papou

je suis,

Papou

je resterai !

 

 

 

Derrière ces barreaux,

les pleurs

déchirants

des autres hommes

se rêvant,

comme moi,

libres et indépendants

résonnent.

Cette peine,

nous ne l’avons pas méritée,

nous avons juste exprimé

notre désir de liberté.

La vérité, malgré les dangers,

aux yeux du monde nous voulions la chanter.

 

Pourtant Papous nous étions, Papous nous resterons. Papous nous étions…